(307261) 2002 MS4 est l’un des plus grands objets transnetpuniens connus et une possible planète naine.
Le 8 août 2020, le projet Lucky Star a organisé une campagne d’observation d’une ampleur exceptionnelle pour 2002 MS4 qui occultait une étoile relativement brillante de magnitude apparente 14,6 et observable depuis plusieurs continents.
116 téléscopes et au moins autant d’observateurs d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie occidentale ont participé à la campagne et ont produit 61 détections positives, 40 détections négatives et 15 non abouties (météo ou problème technique).
C’est donc à ce jour, pour un transneptunien, un record pour une campagne d’occultation par le nombre d’observations positives.
Grâce au grand nombre de détections en plusieurs endroits, le contour de la forme globale et la topographie de 2002 MS4 ont pu être clairement déterminés pour la première fois. La forme dérivée des observations fournit un demi-grand axe de 412 ± 10 km, un demi-petit axe de 385 ± 17 km et un rayon équivalent en surface de 398 ± 12 km. L’occultation a également révélé des caractéristiques topographiques importantes le long du contour nord-est de MS4 2002, notamment une dépression en forme de cratère de 322 ± 39 km de largeur et 45,1 ± 1,5 km de profondeur, et un pic de 25 km de hauteur près du bord de la dépression. S’il s’agit bien d’un cratère, cela serait le premier d’une telle dimension détecté sur un TNO ! Une autre dépression d’environ 10 km de largeur et 11 km de profondeur a été détectée par un seul télescope français pendant l’occultation.
Le sommet de 2002 MS4 a une hauteur comparable à la plus haute montagne de Mars : Olympus Mons. Si le sommet topographique mesuré est bien une montagne, alors il peut être considéré comme l’un des plus hauts connus du Système solaire. Ces élévations, supérieures à celles attendues pour un petit corps glacé de cette taille, pourraient avoir pour origine un impact majeur dans le passé de 2002 MS4. Il est aussi possible que ce sommet soit en réalité un satellite de 213 km de diamètre passant devant ou derrière 2002 MS4 pendant l’occultation, mais cette hypothèse n’a pas la faveur des chercheurs.
L’étude parue le 20 octobre 2023 implique de nombreux astronomes professionnels et amateurs, dont plusieurs français. Elle est disponible en ligne sur Astronomy & Astrophysics.